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Les oeuvres photographiques de Clarisse Doussot sont claires et distinctes. Quand Descartes arrête de nous balader dans ses cauchemars spéculaires, il dit ne vouloir garder que les idées claires et distinctes. C’est un critère. Les oeuvres photographi­ques de Clarisse Doussot sont-elles cartésiennes pour autant? Certainement pas : elles ne donnent aucune certitude.
Les artistes, même s’ils écrivent beaucoup, le font rarement à propos de leurs pairs vivants. Vous avez peut-être observé que les gens qui écrivent rarement sur des artistes vivants ont tendance à faire peser sur l’artiste qu’ils commentent tout ce qu’ils aiment dans l’art. Je pourrais dire que les oeuvres photographiques de Clarisse Doussot nous disent tout de la photographie. Dans un sens, c’est vrai : je ne connais pas de photos plus photographiques que les siennes.
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Il faut dire un mot des couleurs des photographies de Clarisse Doussot. En voici plusieurs : smaragdin, rubescent, coruscant, azuré, acidulé, effer­vescent. Les plus rares reviennent souvent sous la plume de Vladimir Nabokov. C’est là que je les ai apprises. Leur rareté tombe très bien ici, car les couleurs des photographies de Clarisse Doussot sont rares.
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Éric Duyckaerts, Figurez-vous
Publication Filigranes Éditions
École municipale des beaux-arts
Galerie Édouard Manet Gennevilliers
Octobre 2003

 

Figurez-vous (extrait)
par Eric Duyckaerts


Art Press (extrait)
par Didier Arnaudet


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Clarisse Doussot soumet des éléments issus d’une réalité ordi­naire à un impératif fictionnel. Elle agence un dispositif qui ne pour­rait n’être qu’un simple jeu d’ap­parition et de disparition. Donner à voir consisterait alors à produire une interrogation sur ce qui sépare le réel de la fiction, et la photogra­phie en resterait à une fonction d’éclairement de cette interroga­tion. Certes, le propos de Clarisse Doussot n’est pas étranger à la spécificité de cette approche. Mais, à y regarder de plus près, sa démarche est plus subtile et plus fertile. D’abord, parce qu’elle développe un vrai sens de la com­position, c’est-à-dire de la mise en relation des contraires pour qu’ils se complètent mutuellement au lieu de s’opposer directement. Ensuite, parce qu’elle sait provo­quer non pas un flottement mais, plus précisément, un détache­ment de l’image par rapport à son référent.
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Didier Arnaudet,
Art press, Avril 2002