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SÉVERINE HUBARD & GEORG ETTL
17 septembre -23 octobre 2010
Vernissage jeudi 16 septembre 18h-21h
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Les deux artistes se définissent comme sculpteurs. Les deux s’intéressent à l’architecture, soit pour améliorer l’espace comme le fit Georg Ettl dans l’église de Neuss, soit pour démolir avec jubilation le faux semblant des intérieurs préfabriqués, comme le montre le petit film de Séverine Hubard intitulé Trompe l’œil. Les deux artistes s’intéressent à l’espace public, parce que celui-ci devrait impliquer une réflexion sincère sur la politique, sur la démocratie, et sur le rôle, méprisé, qu’une pensée esthétique pourrait y jouer.
Georg Ettl est un artiste de son temps. Né en 1940 en Allemagne, il va suivre à la fin des années 50 une formation de dessinateur et de constructeur de machines outils à Détroit (USA), où il fait également des études d’art à la Wayne State University. Dans les années 60 il suit des cours de philosophie à la Sorbonne. Il est l’exemple même de l’artiste philosophe, multilingue et universaliste. En 1967 il participe à l’exposition « Others ideas », organisée par Sam Watgaff, avec des artistes comme Carl Andre, Dan Flavin, Richard Tuttle… A partir de 1974 il s’éloigne progressivement du système des galeries et se consacre de plus en plus à ses projets et à ses chantiers. Lorsqu’il reviendra à l’objet, avec l’Atelier Ettl, en 1996 ce sera pour offrir des réalisations simples et bon marché, des scènes de la vie quotidienne, des figurines de bois, des meubles, du papier peint, où l’ingéniosité technique de production est liée à un dessin qui conserve toutes les qualités spirituelles de ses œuvres monumentales.
Séverine Hubard est une artiste de son temps. Née en 1977 en France, elle aime dire qu’un « artiste doit bouger ». Ses premières apparitions dans des expositions mettent en avant un goût prononcé pour l’assemblage, le déplacement de point de vue, le dispositif et la relation. Si l’objet n’est pas absent de ses préoccupations, il n’est pas son souci essentiel. L’œuvre, chez elle, sauf en de rares occasions n’est pas fixée dans une forme. Destruction, reconstruction, transformation et actualisation nourrissent ses gestes. Et c’est bien là, avec les notions de projet et de chantier en regard d’une communauté, que s’articule une logique interne aux deux artistes. « Il est plus important aujourd’hui de s’occuper du monde visible » dit Georg Ettl dans un entretien accordé à Jean-Claude Lasserre (1), cette remarque ne devrait pas être démentie par Séverine Hubard.
S’il y a un aboutissement, chez Georg Ettl, ses productions sont parfaites, ce n’est pas une volonté formelle mais une exigence de simplicité et de clarté qui nous touche directement, de sorte que ses figures stylisées rejouent paradoxalement, pour nous, l’infini variation de nos humeurs.
Il y a des fêtes, de l’énergie, de l’intelligence à partager chez Séverine Hubard, et, s’il lui prend de fabriquer un objet, le geste dont il procède restera magnifiquement suspendu.
(1) Georg Ettl, art & architecture, entretiens, éditions Château d’Oiron et Script éditions 1997. |
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FRÉDERIC PLATÉUS, Phantom Works
22 juin - 31 juillet 2010
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Génération Platéus
L’originalité de l’œuvre de Frédéric Platéus vient pour une part de sa fascination pour certains objets et figures liés au sport, à la technologie et à la science fiction. D’une autre part cette originalité vient de son aller et retour avec les mouvements issus de la culture populaire et urbaine. Sa sensibilité à l’environnement urbain fait de lui un « peintre de la vie moderne » attaché aux mots dans l’art, à l’objet, aux reflets. Sa virtuosité pour générer des formes font de ses œuvres des sortes d’ovnis à l’image de Proteus IV, le robot du film de Donald Cammell, qui se fabrique un corps géométrique à partir d’un cube ayant la faculté de se mouvoir dans l’espace en se déployant en formes pyramidales. Si chez beaucoup de photographes la sculpture est virtuellement présente dans la façon de creuser l’espace, de jouer avec les modelés, de cadrer l’architecture, chez Platéus les photographies, les graffitis en néons, les patchs, renvoient à la sculpture comme rêve d’une image parfaite.
Publication du livre « Frédéric Platéus »,texte de Devrim Bayar.
Coédition Marion Meyer Contemporain, Paris; Espace Uhoda, Liège; Wallonie Bruxelles International, Bruxelles. Conception graphique Donuts, Bruxelles. |
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MICHEL AUBRY, La Loge Fantôme
17 avril - 12 juin 2010
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Le 23 avril 1925, Alexandre Rodtchenko écrivait à sa femme : «…Ce soir, je suis allé dans un cirque, il y en a quatre en tout à Paris. J’ai vu les célèbres Fratellini, rien de particulier, mais bien sûr, ce sont des artistes. C’est autre chose qui m’a frappé : l’amour du public pour eux et surtout, leur loge, qui a d’un côté une porte ouverte par laquelle tout le monde regarde à l’intérieur et une fenêtre à travers laquelle on peut voir ; il y a cinq pièces, et c’est tout un musée d’objets, de photos, de dessins, etc. » (1)
85 ans plus tard, presque jour pour jour, la galerie inaugure la nouvelle exposition de Michel Aubry, La Loge Fantôme, une référence directe à la loge des Fratellini, loge des Fratellini visitée à nouveau en 2005 par la doublure de Rodtchenko en la personne de David Legrand pour les besoins du tournage du carnet « Rodtchenko à Paris » puis pour « Les chroniques de voyages de Rodtchenko et Stroheim » tournée à Tarbes en 2009 à l’occasion de la double exposition John Armleder & Michel Aubry.
Cette exposition propose une nouvelle apparition de la loge permettant également de retrouver le musée de Michel Aubry, qui sert à l’élaboration des tournages. Ses films seront programmés pendant l’exposition (cf. carton).
Le travail de « traduction », mis en place par Michel Aubry dans les années 80, qui lui à permis de créer un monde ou un passage, s’avérant possible entre l’univers musical et l’univers des objets, se poursuit ici avec l’expérience cinématographique.
A l’occasion de cette exposition, la galerie Marion Meyer Contemporain et les Éditions Nicolas Chaudun publient un catalogue monographique Les dispositifs romanesques de Michel Aubry, texte de Hugo Lacroix.
(1) Alexandre Rodtchenko, A Paris, Lettres à la maison, 1925 dans « Écrits complets sur l’art, l’architecture et la révolution », Édition Philippe Sers, Paris, 1988. |
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PHILIPPE BAZIN / MICHEL HERRERIA / MARJORIE THÉBAULT
9 mars - 17 avril 2010
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Marjorie Thébault dans ce film établie l'aspect fondamentalement poétique de sa relation au territoire. Elle a réalisé des "galets à ricochets" en céramique. Ces galets sont lancés sur des surfaces d'eau, mers, lacs de montagne, ruisseaux. Chaque lieu est un paysage ou le devient, autour du ricochet. Tous les lancés sont filmés. Tous les lieux sont cartographiés et chaque carte est raccordée simultanément, en diptyque, avec le paysage où à lieu le ricochet. Un plan filmique, bref, de vent dans un arbre, rythme le montage comme un refrain. Ce plan ramène toujours l'opération artistique à un endroit précis. La vidéo ainsi obtenue est associée à des photos, des "portraits" des galets disparus qui défilent sur un moniteur. Il reste beaucoup à dire sur ce dispositif, la fabrication des galets, leur disparition, les ricochets un peu partout, l'arbre et le vent qui marque un retour perpétuel vers un espace intime...
Michel Herreria est peintre. Pour cette exposition, il peint directement à la palette graphique des tableaux qui seront projetés. Ces tableaux sont fixes ou animés, sonores ou pas. Le travail de cet artiste vient du dessin, du trait au sens le plus aigüe : « trait d'esprit ». Il s'intéresse aux mots (maux) du social. Ses witz graphiques ont pour thème l'absurde, l'homme piégé dans la prolifération des grilles qui accompagnent nos systèmes. Son travail est un théâtre tragi-comique où les mots et les actes des « décideurs » deviennent des personnages de scènes livrés à eux mêmes.
Philippe Bazin qui est des trois artistes le plus connu propose ici un projet qui a son origine dans la photographie de foule de Woodstock en 1969. Cette photographie est reproduite à l'intérieur de l'album vinyle de l'époque. A partir de celle-ci l'artiste cadre et scanne chaque visage du premier plan au dernier plan, dans un ordre précis. Il en résulte 426 visages qui sont projetés sous la forme d'un diaporama de 14 minutes. Le tout accompagné d'une bande son qui correspond aux moments sonores existant sur l'enregistrement live en dehors des morceaux de musique.
Ces trois vidéos, indépendantes entres elles, forment trois théâtres où chaque artiste décide de s'affronter à quelque chose d'essentiel :
Retrouver un espace de contemplation, un espace à soi, non négociable, chez Marjorie Thébault.
Révéler la manière insinuante, contraignante et absurde de l'encadrement du monde chez Michel Herreria. « Affronter l'institution »*, selon les termes de Christiane Vollaire, chez Philippe Bazin.
* Christiane Vollaire, La radicalisation du monde, l'Atelier d'édition et Filigranes éditions, 2009. |
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« Ce rire titanesque, il le situe de manière parfaitement topographique, en termes de surface et de plan, dont l'ordre originel se déséquilibre dans une dynamique d'ébranlement, de vacillement et de désidentification. (…)
En montrant que cette déstabilisation de l'espace de la toile, dans les grands châssis comme dans les petits formats, appuie la revendication d'une véritable position picturale : des paysages filmographique de 1995 à l'irruption des animaux de 1997 à 2000 ; de l'univers du jouet dans les années 2000 à la présence humaine à partir de 2001, puis à l'intervention de l'univers télévisuel, se succèdent et s'interpénètrent des directions aussi radicalement distinctes que rétrospectivement cohérentes.
Nerveusement tendu entre classique et contemporain, mais toujours à distance, le travail de Fangeaux s'affirme ainsi, selon l'expression, « intempestif ». Et c'est précisément de cette intempestivité qu'il tire sa puissance : celle qui, selon l'expression de Foucault, « secoue les familiarités ».
Extrait de « L’intempestif, sur la peinture de Philippe Fangeaux » par Christiane Vollaire, Aout 2005
« […] De la logique du ready made, Poulain se distingue par l’option, non de l’indifférence (n’importe quoi), mais de l’élection. Il prélève dans le contexte environnant, celui du supermarché ou du magasin de bricolage, l’objet qu’il aurait bien aimé avoir réalisé. […]
Le côté apparemment mal fichu de certaines pièces (bien fait, mal fait, pas fait) n’est jamais le fait d’une quelconque négligence ou désinvolture, elles signent au contraire l’affirmation d’une position de l’artiste refusant que la virtuosité ou l’esbroufe technique tiennent lieu de qualité ou de critère artistiques. Rien à voir avec la fausse modestie, encore moins avec le populisme, mais toujours cette exigeante résolution : tirer l’art du plus profond de son absence.
A l’opposé du misérabilisme, cette posture discrète use volontiers de l’ironie et du sens de la dérision ; et ce serait manquer un aspect important de l’œuvre de Guillaume Poulain que de ne pas signaler cette propension à l’humour et au jeu […]. »
Extrait de « Mine de rien » par Jean-Marc Huitorel, Février 2009
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