« […] De la logique du ready made, Poulain se distingue par l’option, non de l’indifférence (n’importe quoi), mais de l’élection. Il prélève dans le contexte environnant, celui du supermarché ou du magasin de bricolage, l’objet qu’il aurait bien aimé avoir réalisé. […]
Le côté apparemment mal fichu de certaines pièces (bien fait, mal fait, pas fait) n’est jamais le fait d’une quelconque négligence ou désinvolture, elles signent au contraire l’affirmation d’une position de l’artiste refusant que la virtuosité ou l’esbroufe technique tiennent lieu de qualité ou de critère artistiques. Rien à voir avec la fausse modestie, encore moins avec le populisme, mais toujours cette exigeante résolution : tirer l’art du plus profond de son absence.
A l’opposé du misérabilisme, cette posture discrète use volontiers de l’ironie et du sens de la dérision ; et ce serait manquer un aspect important de l’oeuvre de Guillaume Poulain que de ne pas signaler cette propension à l’humour et au jeu […]. »

Extrait de « Mine de rien » par Jean-Marc Huitorel, Février 2009
Catalogue édité par le centre d'art contemporain, Le Parvis, Ibos.

 

Mine de rien (extrait)
par Jean-Marc Huitorel


(...)
Clarisse Doussot soumet des éléments issus d’une réalité ordi­naire à un impératif fictionnel. Elle agence un dispositif qui ne pour­rait n’être qu’un simple jeu d’ap­parition et de disparition. Donner à voir consisterait alors à produire une interrogation sur ce qui sépare le réel de la fiction, et la photogra­phie en resterait à une fonction d’éclairement de cette interroga­tion. Certes, le propos de Clarisse Doussot n’est pas étranger à la spécificité de cette approche. Mais, à y regarder de plus près, sa démarche est plus subtile et plus fertile. D’abord, parce qu’elle développe un vrai sens de la com­position, c’est-à-dire de la mise en relation des contraires pour qu’ils se complètent mutuellement au lieu de s’opposer directement. Ensuite, parce qu’elle sait provo­quer non pas un flottement mais, plus précisément, un détache­ment de l’image par rapport à son référent.
(...)

Didier Arnaudet, Art press, Avril 2002