OPTIQUE :
Explorant les techniques de reproduction par contact, mon travail décline quelques possibilités et impossibilités de la figure, prenant en compte l’accident, le retournement, la vitesse.
La technique du moulage, connue depuis la haute Antiquité, est celle qui est associée à la production de formes, la diffusion, la copie.
L’empreinte révèle une dimension heuristique et philosophique à celui qui la considère. Elle est en ce qui me concerne aussi intéressante au stade élémentaire que dans la confection de moules complexes.
Pendant le travail, un ensemble de gestes situe le corps, et positionne la pensée. En ce sens ce n’est pas la réalisation de formes qui m’intéresse, mais la capacité qu’a un objet, un territoire à réceptionner des intentions divergentes.
Ce monde en creux, ces formes intermédiaires que propose l’empreinte avant qu’elle ne soit à nouveau remplie par l’opération de moulage, sont le matériau originaire de mon travail.
Aujourd’hui il se développe également suivant d’autres modalités. Il ne s’agit plus de s’appuyer seulement sur le choix d’un objet prédéterminé, mais sur un flux, une tendance, un corpus d’intentions, de mouvements, où les formes apparaissent simultanément dans plusieurs états, saisies dans des systèmes de relations complexes.
Je procède par vérification. J’essaye de situer des aperçus (plutôt qu’énoncer des affirmations), de combiner des gestes parfois contraires, avant de courir le risque que la pensée ne fige les actes, ne les revendique comme forme artistique dont la permanence viendrait ordonner une nouvelle mise à l’échelle de nos rapports au monde, au temps.
Philippe Poupet